Les différentes étapes de fabrication d’un éventail artisanal auprès d’un éventailliste espagnol.
Fernando, l’artisan à l’origine des nombreux éventails proposés par Rosah Blanca, ne travaille pas seul à l’élaboration de ses ouvrages d’exception.
En effet, ce dernier est assisté par son équipe composée de Lucia, Cristina et Mari-Carmen dans son atelier. C’est alors dans cet atelier que s’opère la « magie » artisanale propre à des éventaillistes espagnols émérites.
Un éventail artisanal, pour être correctement finalisé, a en effet besoin d’être façonné par étape et donc, de s’éprouver à différents savoir-faire. D’où la nécessité d’être aussi nombreux pour composer de pareilles créations.
Avant de s’atteler à la composition de ses éventails, Fernando s’attarde en premier lieu sur le choix des matériaux. Un choix crucial en ce sens où celui-ci déterminera la qualité du produit fini. Pour cette raison, il fait importer du bois de grande qualité comme du bois de danta, de bubinga, ou encore du bois de mongoy qui sont les garants de la qualité de son ouvrage.
Il est à noter que Fernando n’est pas le premier de sa famille à pratiquer cet art délicat qu’est le sien. Avant lui, sa famille fabriquait des éventails depuis 1941. Le savoir-faire a su perdurer jusqu’à aujourd’hui pour s’affiner avec les années.
Naturellement, du fait du caractère artisanal que suppose la création des éventails, l’élaboration de ces derniers, repose sur toute une série de transformations.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de souligner qu’il n’existe pas de machine spécialisée pour la fabrication des éventails. De ce fait, les fabricants d’éventails comme Fernando ont dû faire preuve d’imagination et d’ingéniosité pour détourner et adapter des machines existantes afin de réaliser leurs éventails artisanaux.
L’élaboration de la monture d’un éventail artisanal étape par étape.
Les différentes étapes de fabrication de la monture de l'éventail.
Etape 1 : La découpe des planches.

La monture de l’éventail, c’est-à-dire la structure de base sur laquelle sera ajoutée la toile, est composée de brins ainsi que de deux panaches. Cette monture ne commence à être travaillée qu’à compter de l’instant où le bois a été transformé par la découpe.
En effet après avoir été tronçonné de sa forêt d’origine, le bois est scié en planches, puis avivé. Une fois dans l’atelier, ce même bois, par la suite, est découpé en petits blocs de bois avant d’être mis sous pression durant des mois, dans le but de conserver une forme aplanie afin de mieux éventer son propriétaire par la suite. (voir photo 1 et 2).

Etape 2 : La découpe des brins.
À l’issue de ces plusieurs mois, ces morceaux de bois sont ensuite chauffés à la vapeur afin de gagner en souplesse et être attendris en conséquence. Ce procédé permet ensuite de mieux les découper à l’aide d’une machine dédié à cet effet datant de plus d’un siècle : une découpeuse. Celle-ci peut alors découper le bois en lamelles de 0,75 mm. (voir photo 3, 4 et 5)
À leur tour, les lamelles de bois ainsi générées sont elles aussi mises sous pression durant plusieurs mois jusqu’à prendre leur forme finale, celles-ci étant aplaties en conséquence. (voir photo 6)

Il est à noter que ce délai de plusieurs mois pour aplanir la surface en bois est nécessaire et ne saurait être réduite. Il n’existe en effet aucun autre moyen artisanal permettant d’aboutir à ce même résultat en un temps moindre.
D’après notre éventailliste, il n’y a que la pression combinée au temps qui puissent contraindre le bois à mémoriser la forme voulue. Ici l’objectif est de contraindre le bois à rester parfaitement plat.
Etape 3 : La forme finale des brins.

Une fois les lamelles parfaitement planes, Fernando s’apprête à les façonner de sorte à en faire des brins. Ce faisant, il utilise alors une machine servant à poncer le bois qu’il pourra configurer en se basant sur les contours d’un modèle témoin (voir photo 7) afin de donner la forme qu’il souhaitera à ce dernier. C’est ainsi notamment qu’il peut multiplier les modèles d’éventails.
Une fois la forme des brins obtenue, l’éventailliste va parfaire les brins qu’il aura composé en affinant le bout grâce à une presse coupante (voir photo 8). Ainsi notre fabricant d’éventails espagnol, d’un seul geste, va finaliser la forme définitive des brins.

Ces brins finis seront alors composés de deux parties distinctes :
- Le bout qui est la partie la plus fine, et qui est le futur emplacement sur lequel le textile sera collé. Il peut-être de longueur variée en fonction des types d’éventails en bois.
- La deuxième partie est l’amorce, qui est la liaison entre le bas du brin et le début du bout. (voir photo 9, 10 et 11)
Il faut savoir que la monture d’un éventail fait à la main peut être composée d’un nombre de brins diverse mais toujours pair, qui peut être de 12, 14, 16... jusqu’à 32 ou même 40 brins ; leur nombre variant selon les modèles.
Aussi, Fernando travaille à « ajourer » ses brins afin d’en styliser les montures et obtenir un meilleur rendu.
Cela signifie qu’il perce de légers points dans son ouvrage afin d’y insérer une minuscule scie dentée. Comme cela, avec beaucoup d’attention et délicatesse, notre artisan découpe le bois de manière à façonner des formes ou des motifs dans les brins comme des arabesques, des formes géométriques, des paysages et bien d’autres et ainsi créer des espaces de lumière.

La lumière peut traverser les brins en donnant à ces derniers un effet esthétique incomparable. Il est à noter toutefois que le processus n’est pas systématique et qu’il varie selon le modèle composé par l’éventailliste.